05 juin 2006

Je n'arrive pas à dormir, mais je ne peux pas me lever et errer dans mes quartiers à la recherche d'une fatigue ou d'un Visage, car mon fils est blotti contre moi, petite plante grimpante qui a inséré toutes ses extrémités dans les creux de mon corps. Chaleur.

Alors je pense. Et qui dit 'pensée nocturne', dit 'dérive'.

* * *

Je sais que je suis plus que ce colosse maladroit et aliéné que je suis devenu. La plupart du temps ce n'est qu'une certitude sans fondement, mais parfois... parfois... il m'arrive d'en avoir la preuve.


Quand je revisite mon Passé, ce temps antérieur qui est étroitement lié à Ellivret Sam; quand le Hasard, ce lutin crétin, me précipite tête la première dans la magie de l'imaginaire (que ce soit l'œuvre d'un Artiste magistral ou tout simplement mes propres ébullitions créatrices).


J'ai alors accès à tout ce qui a été oublié, toutes les expériences, peurs et fabulations qui ont été enfouies sous les strates sédimentaires de cette finitude infinie qu'est ma Vie. Je me sens alors capable; j'ai alors l'impression d'apercevoir certaines issues ou possibilités jusque là négligées ou recouvertes par les remous.


Arracher les unes aux autres toutes les paupières de mon corps.


L'incroyable jouissance de se sentir enfin en possession de ses moyens.


Et puis ça s'estompe; la branche casse sous mon poids ou est coupée par la main brutale des Circonstances.


Pourquoi écrire? La plupart du temps ça ne donne rien de valable, rien de durable, rien qui ne vient élever la teneur de ce qui suit.


Parce que ça défoule? Mais qu'est-ce que ça veut dire, "défouler"? Je ne me sens pas mieux après coup; à peine ma Quête et ma Souffrance bénéficient-elles d'un peu plus de documentation.


Non, écrire parce que ça me rapproche un peu plus chaque jour d'un Idéal qui n'est jamais exactement le même d'une seconde à l'autre. On ne sait pas si on va se rendre, si on va vivre assez vieux, mais on le fait.

* * *

La Noirceur est la même, yeux ouverts yeux fermés. Une main sur la poitrine de mon fils, l'autre sur la poitrine de ma Compagne, je sens les cœurs d'Êtres que j'aime, j'entends leur respires endormis. Ma mobilité condamnée par leur torpeur. Comme toujours, ici comme dans la Citadelle, je ne suis maître que de ma tête.

Et voilà que des yeux jaunâtres se superposent à la Noirceur, une tâche informe un peu en dessous en guise de bouche. Un Visage évanescent que je ne peux pas fixer sur une pellicule photographique. L'Effroi, bien malgré moi, car je ne peux le fuir. Il est LÀ, devant moi, yeux ouverts yeux fermés, ses mouvements le fruit de ses propres transformations ondulantes.


Jusqu'à ce que le Sommeil, ce Titan sourd-muet et aveugle, se décide à abréger les Souffrances de ce Jour, pour que je renaisse demain --- bébé tout frais sorti du ventre de la Nuit --- prêt pour un autre interminable empilement de secondes.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Un respire qui fait mal. Merci pour ce texte magistral. Je sais pas s'il y a une "raison " pour écrire, mais il y a sûrement une folie..

Anonyme a dit...

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Aimon a dit...

Mais encore?